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Antonia Amo-Sanchez : « Il nous faudrait tous une petite dose d’éco-anxiété pour passer à l’action »

Dernière mise à jour : 6 juin

Enseignante chercheuse à l’Université d’Avignon et professeure au département d’études hispaniques en littérature et théâtre contemporain, Antonia Amo-Sanchez s’est intéressée au lien entre la culture, l’art et la science. Le langage artistique, plus particulièrement le théâtre, semble être un outil redoutable pour sensibiliser à l’écologie. Et pousser les citoyens vers une action positive.


Que mettez-vous derrière le terme d’éco-anxiété et d’où vient-elle ?

L’éco-anxiété c'est principalement la conséquence d'un matraquage médiatique dans lequel l’enjeu climatique est traité de manière anxiogène. Et dans lequel on oublie de voir qu'il y a de belles actions citoyennes menées pour le vivre ensemble et l'intelligence collective.

Se sentir un peu éco-anxieux, c'est assez normal : cela veut dire qu'on a des radars qui fonctionnent et qu'on est en alerte par rapport à ce qu’il se passe autour de nous. Sans cette petite dose, il est difficile d’enclencher le mouvement et de passer à une dynamique d'action. Sans ce déclencheur, on reste facilement dans un état de paralysie, de fatalité ou de cynisme. In fine, rester indifférent à toutes ces réalités, c'est cela qui serait bien plus inquiétant !


Est-ce que les jeunes que vous côtoyez à l’Université d’Avignon se sentent concernés par ces questions d’engagement écologique et d’éco-anxiété ?

Il y a encore un gros déséquilibre entre l’énergie investie dans la sensibilisation auprès des étudiants, des usagers et du personnel de l’Université, en comparaison du retour sur investissement. Il faut néanmoins continuer de semer les graines jusqu’à ce qu’on obtienne un jour les premiers bourgeons. C’est là où personnellement, je peux parfois me sentir éco-anxieuse, par rapport à cet effort qui a trop peu souvent de retour. Néanmoins, il ne faut pas confondre cela avec de l’impuissance, sinon on ne fait plus rien et on ne s’en sort pas.

Chez les étudiants, il y a encore des inerties difficiles à casser. Par rapport à la question de l'éco-anxiété, on a mené notre petite enquête. En réalité, il y a encore pas mal de méconnaissances sur la question dans notre département universitaire. Parfois, on se trouvait face à des jeunes qui n'étaient pas du tout sensibilisés ou qui ne s'identifiaient pas du tout avec cette émotion-là ou cette réalité. Et puis il y en avait d'autres qui nous disaient qu'ils ne se sentaient pas anxieux mais plutôt en colère. Donc la question des émotions se pose aussi, et je pense que c'est une approche très intéressante. 


C’est de cette façon qu’est née cette performance théâtrale sur l’éco-anxiété, co-écrite avec des étudiants de l’Université d’Avignon ?

Exactement. Dans le cadre d'un séminaire du Master Théâtre et Écriture, on a créé avec les étudiants une dramaturgie autour de l'éco-anxiété. Sur la base de matériaux bibliographiques, comme des récits de vulgarisation scientifique, des articles de presse spécialisée, des témoignages d'artistes, nous avons transformé un contenu précis et scientifique en un langage artistique. D’un côté, nous avons travaillé le contenu avec des informations valables et indiscutables, puisque les faits scientifiques ne sont pas l’affaire de croyances, et de l’autre côté, nous avons travaillé l’aspect plus émotionnel, sensible, artistique et esthétique pour pouvoir passer le message différemment. On ne voulait pas proposer quelque chose de noir, mais plutôt travailler avec de l'humour, avec une alternative positive à cette question un peu paralysante de l'anxiété et de l'angoisse.


 
 
 

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