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Rob Hopkins, Cyril Dion : "L’engagement citoyen, moteur de la transition"

Lors des deux précédentes éditions du festival “Faites Echo” organisées par le Grand Avignon, Cyril Dion, réalisateur et Rob Hopkins, co-fondateur du mouvement mondial des villes en transition, nous ont partagés leur engagement durant 2 rencontres, en partenariat avec le média Sans transition !  Morceaux choisis de ces échanges qui ont réuni au total près de 1000 citoyens du territoire et les acteurs locaux.


Quelle est, selon vous, la meilleure échelle pour s’embarquer collectivement dans la transition écologique ?

Rob Hopkins : Selon moi, la Transition, ce n’est pas quelque chose qui fonctionne comme une multinationale ou même un pays. Je pense que cela ne peut pas être contrôlé à partir d’un noyau central. La démarche de transition que je propose, conserve malgré tout une base universelle, réplicable partout où elle est envisagée. J’entends par là, une certaine manière d’envisager le travail par groupes de citoyens, avec les collectivités et les entreprises, de rêver ensemble, d’imaginer ensemble, de s’engager collectivement, de travailler sur le terrain de manière tangible.

Cyril Dion : Je pense également que les expérimentations locales, avec les citoyens, font la preuve que les transitions fonctionnent et sont indispensables face aux enjeux écologiques et sociétaux. Prenons un exemple : sortir des pesticides. A l’échelle nationale, le seul moyen d’y parvenir ou de l'encadrer consistait à changer la loi. C'est ce qu'on a essayé de faire avec la convention citoyenne pour le climat notamment. Mais lorsque cette idée part d’une volonté locale, elle peut vraiment se concrétiser. C’est ce qui est arrivé pour la Loi Labbé : une initiative hyper locale, celle d’un élu d’une petite commune (St Nolff dans le Morbihan), devenue un cadre réglementaire pour toutes les villes, partout en France.


Comment expliquez-vous que la transition soit si pertinente à l’échelle locale ?

R.H. : Je pense que l’imagination tient là une place fondamentale. Lorsqu’une ville ou une région facilite l’imagination de ces citoyens de manière explicite. Puis la convoque, le champ des possibles s’ouvre. Cela fait également souvent appel à une nouvelle manière de penser la démocratie, avec des assemblées de citoyens, la mise en place de budgets participatifs, etc. Or, ces dispositifs sont compliqués et rarement appliqués à une échelle nationale. Ce qui rend la transition plus fragile, moins consensuelle.

C.D. : Et lorsqu’elles le sont à l’échelle nationale comme le dit Rob Hopkins, elles ne sont malheureusement pas toujours écoutées, comme ce fut le cas lors de la Convention citoyenne pour le climat. Alors qu’à l’échelle locale, impliquer les citoyens dans le débat public, c’est aussi s’assurer qu’ils participent collectivement à trouver des solutions acceptables pour eux et leur territoire, face à l’urgence climatique, face aux enjeux locaux (comme l’alimentation, l’habitat, etc.).


Pourtant la transition peine parfois à se concrétiser politiquement. Quelles solutions reste-il alors aux citoyens ?

C.D. : Dans ce cas, il convient parfois d’établir un rapport de force ; c’est-à-dire utiliser tous les moyens possibles pour que ces transitions deviennent des sujets à l’échelle globale, nationale. Cela peut donc être à la fois des manifestations ou même des engagements politiques. C'est-à-dire voter ou ne pas voter pour des programmes ambitieux sur ces questions ; ou pourquoi pas se présenter et devenir élu, soi-même, si l’on considère que les élus ne s’engagent pas assez dans cette voie.

R.H. : Tout ce que l'on peut faire pour démanteler le vieux paradigme politique qui manque ô combien d'imagination, eh bien j’en suis partisan ! Il est selon moi essentiel de ré-imaginer la manière dont les décisions sont prises. À Barcelone, par exemple, chaque conseil de quartier, composé de citoyens, peut prendre de réelles décisions qui alimentent la municipalité. La démocratie ce n'est pas juste déposer un bulletin dans l'urne, c'est un processus auquel le plus grand nombre doit participer, de manière régulière et continue.


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